Virginie Beauregard D.
PARTERRE DES MERVEILLES
nous regardons vers l’avant
tirons les courroies des rêves
et des événements
pour grimper
sur le mur gommé du désir
celui qui se confond avec l’écaille du soleil
le soleil qui éclabousse l’heure à tuer
un chien
dans un champ en dormance
ce chien
que de toute façon
le silence aura
tandis que nous restons
pour boitiller
sur notre glace bleue
à s’habiller et à se déshabiller
devant l’inconstance humide
de nos meilleures relations
aux confins des loteries
je retire le signal
d’abondance
et je marche sur un plancher qui se tient
dans une redondance aimante
il me sert à manger
et je souris
l’éternité
comme le beurre incontestable
des semaines
une surface abstraite
reçoit les regards qu’il faudrait
pour que les enfants se sentent aimés
je mets tout sur le dos
des joggeurs quatre saisons
et je repense encore un peu
aux pains plats du désert
aux focales absentes des dunes
au rapatriement des mains
dans les chandails qu’il faut
et nous arrachons
les contours de la lune
pour que persiste
la crevasse du matin
le sommeil
est une forme
de détermination
je reconstruis les barreaux
d’un lit flottant
endossant l’océan
et ses marées humaines
nous empruntons
les rugissements
des panthères du zoo
et l’histoire
met ses doigts
dans nos oreilles
on a gagné une terre
ce sera le parterre des merveilles
on fera de l’escalade sur les gestes manqués
pour comprendre les choses par la danse et le rythme
nous compterons sur ce vent
qui remue la poussière
au coin du mur
Tout en frayant avec les arts visuels et la musique, Virginie Beauregard D. entame une démarche d’écriture en 2005. Dès le départ, ses poèmes sont présentés sous diverses formes notamment au théâtre de Quat’Sous dans la pièce Dans les charbons (Loui Maufette). Virginie Beauregard D. participe régulièrement à plusieurs événements off ou notoires. À quelques occasions, elle fait paraître des textes dans différentes revues littéraires.
En 2010, elle lance un premier recueil, Les heures se trompent de but (Éditions de l’Écrou). Boursière du Conseil des Arts et des Lettres du Québec et bachelière en histoire de l’art, elle publie le recueil D’une main sauvage (Éditions de l’Écrou) au printemps 2014. C’est avec ce second livre que Virginie Beauregard D. est finaliste du prix Émile-Nelligan 2015.
Au cours de la dernière année, Virginie Beauregard D. contribue à l’anthologie Femmes rapaillées (éditions Mémoire d’encrier) avec la suite poétique De la neige rare. D’autre part, elle écrit les vingt-et-un poèmes de l’exposition itinérante Visages de lumières organisée par la Société de la Trisomie-21 visant la sensiblisation à la réalité des personnes vivant avec le syndrome de Down. Elle est invitée par la délégation générale du Québec à Mexico à proposer le Spectacle d’ouverture de l’événement. Elle est aussi lauréate du prix Jean-Lafrenière–Zénob 2016 décerné au Festival International de la poésie de Trois-Rivières.