Vers une pratique féministe du yoga

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CAROLINE JACQUET

 

 

Entrer dans un studio de yoga à Montréal, c’est souvent pénétrer dans un univers très homogène, de femmes cisgenres [1], jeunes, blanches, hétéronormées [2], minces, en situation de non-handicap, généralement avec un haut niveau d’éducation et d’une classe sociale relativement aisée. Parfois, un bouddha, complètement décontextualisé, vous accueille à l’entrée, attestant de « l’authenticité » du lieu, qui sera plus tard confirmée par l’utilisation de formules en sanskrit, généralement non expliquées. D’un point de vue féministe intersectionnel, c’est-à-dire lorsqu’on considère que le féminisme doit s’adresser à toutes les femmes, voire à tous les groupes minorisés [3] et discriminés, le yoga tel qu’il est généralement pratiqué apparaît comme un espace profondément excluant, reposant sur l’utilisation à des fins de marketing de plusieurs aspects stéréotypés d’une culture, ce qu’on appelle l’appropriation culturelle. La recherche de Sarah Mostafa-Kamel sur les studios de Montréal met ainsi en évidence que « généralement, le yoga est une pratique chère, où les corps plus gros, les corps en situation de handicap et les personnes de couleur sont très peu représentés » [4].

Avant de poursuivre, je trouve important de me situer. Je ne suis pas une praticienne assidue de yoga, je n’ai commencé que récemment à le découvrir : je ne suis pas une experte. Mon propre lien avec le yoga en est un d’attraction et de répulsion : attraction parce qu’il me semble qu’il pourrait être un espace profondément féministe, un espace de guérison où l’on prend soin de soi de manière holiste, où l’on apprend entre autres à (ré)habiter nos corps, quel que soit le corps et ce par quoi il est passé. À bien des égards, je corresponds physiquement au petit club de femmes visé par l’industrie du yoga : malgré plusieurs malaises, je suis donc plutôt incluse dans les studios de yoga. Mais j’ai aussi une relation très critique, parce que les studios de yoga que j’ai fréquentés étaient très centrés sur les postures physiques de manière assez compétitive, sur des formules toutes faites évacuant complètement l’impact des systèmes d’oppression sur nos vies (du style « c’est vous et vous seuls qui faites les choix qui déterminent votre vie »), sur l’exotisme de la décoration, dans un lieu où toutes les femmes me ressemblaient.

Comment et pourquoi, dans une ville aussi diversifiée que Montréal, le studio de yoga est-il un lieu si homogène? En faisant des recherches sur le yoga, je me suis vite rendu compte que de nombreuses femmes, hommes et personnes minorisées ont développé leurs propres critiques de l’industrie du yoga et initié des espaces de yoga centrés sur l’inclusivité. Ces personnes nous invitent également à décoloniser le yoga. Comme leurs blogues, sites Internet, films, livres, recherches sont le plus souvent en anglais, cet article propose une synthèse[5], en français, d’analyses critiques qui invitent à pratiquer le yoga de manière féministe, inclusive et décoloniale. Dans un premier temps, j’aborderai l’enjeu de l’appropriation culturelle et de l’essentialisation du yoga. Dans un second temps, j’esquisserai une présentation des différentes manières qu’a l’industrie du yoga de reproduire les systèmes d’oppression.

Colonisation, appropriation culturelle et essentialisme

 L’appropriation culturelle

Le marketing qui entoure le yoga en Amérique du Nord met généralement l’accent sur son côté exotique, ancré dans l’Inde éternelle, et utilise à des fins commerciales des objets religieux issus de l’hindouisme ou du bouddhisme. Plusieurs activistes et praticiennes de yoga critiquent cette appropriation culturelle du yoga. Le blogue équimauves définit ainsi l’appropriation culturelle :

L’appropriation culturelle c’est l’adoption ou le vol d’icônes, rituels, normes esthétiques et comportement d’une culture ou sous-culture par une autre. Cela se passe généralement quand la culture en question est une minorité ou subordonnée dans un contexte social, politique ou même militaire par la culture dominante. Cette appropriation se produit sans réelle compréhension de pourquoi et comment la culture originale en question a développé ces activités, pratiques, objets, croyances ou les significations derrières ceux-ci, et tourne ceux-ci en pop-culture insignifiante ou avec des significations complètement différentes ou moins nuancées par rapport aux réelles significations de cette culture. [6]

Critiquer l’appropriation culturelle du yoga en Amérique du Nord, c’est donc mettre en évidence le contexte colonial et impérialiste dans lequel le yoga, mais aussi le bouddhisme, l’hindouisme et plus généralement la « culture indienne » ont été imaginés, codifiés, simplifiés et appropriés par le colonialisme britannique, dans un contexte de domination militaire, économique, culturelle et politique. Ces représentations, fondées sur la binarité entre l’Orient spirituel en décadence et l’Occident rationnel en progrès, simplifient considérablement la diversité et la complexité des religions et des cultures, les déforment, par exemple en interdisant par la force certaines pratiques, en en dévalorisant et ridiculisant d’autres ou en se les appropriant après les avoir rendues « civilisables ».

nisha ahuja rappelle dans son film sur l’appropriation culturelle du yoga [7] que durant la colonisation britannique du 19e siècle, le colonisateur a interdit et détruit certains ordres de yogi pour asseoir sa domination politique et économique d’une part et, d’autre part, a systématiquement ridiculisé le mode de vie et la pratique des « fakirs » et autres « mendiants » qui vivaient de la représentation du yoga dans l’espace public. Susanna Barkataki critique ainsi l’utilisation instrumentale et sélective du yoga en Amérique du Nord, par exemple en ne s’appropriant que les asanas, les postures physiques, en ignorant ou dévalorisant l’ensemble des autres aspects du yoga (méditation, respiration, spiritualité, etc.). Elle écrit ainsi :

Aujourd’hui, alors que ce que le monde occidental considère comme le vrai yoga c’est seulement de belles postures physiques (parfaites, photographiées et exposées par des journaux, revues et sites de yoga populaires) exécutées majoritairement par des hommes et des femmes jeunes, blancs, habillés avec des vêtements de yoga, le yoga vit une seconde colonisation. Cette colonisation est une déformation de l’intention du yoga, de ses nombreuses branches et de ses buts [8].

Le collectif SAAPYA (South Asian American Perspectives on Yoga in America) met en évidence un des impacts de cette appropriation culturelle sur les personnes qui sont issues de l’Asie du Sud : elles sont vues d’abord comme des prototypes de cette culture exotifiée, tout en étant exclues des espaces qui s’approprient leur culture, particulièrement des studios de yoga. Le collectif partage de nombreuses expériences de racisme et critique, par exemple, les praticiennes blanches de yoga qui considèrent être devenues des expertes de « la culture indienne ». Leur court film s’intitule ainsi : « nous ne sommes pas exotiques, nous sommes épuisé.e.s » [9].

L’essentialisme culturel

La colonisation et l’impérialisme culturel passent par l’essentialisation et la codification des cultures. Dans le yoga, cela se traduit notamment par l’invention du mythe que le yoga serait pratiqué de la même manière depuis des milliers d’années et aurait toujours eu les mêmes significations. Il y aurait ainsi un « vrai » yoga « authentique ». L’historien du yoga moderne, Mark Singleton, a étudié comment ce qu’on considère aujourd’hui comme « le yoga » a été inventé et codifié au tournant des 19e et 20e siècles. Il a commencé ses recherches pionnières après s’être rendu compte que les manuels de gymnastique européens et le sport pratiqué dans les YMCA (les Young Men’s Christian Association) proposaient exactement les postures… qui sont associées aujourd’hui au yoga et aux « salutations au soleil ». Il montre les diverses influences et échanges, en contexte colonial, qui ont contribué à inventer et codifier le yoga. Par exemple, il souligne que l’idéologie viriliste, eugéniste et nationaliste qui a accompagné le développement de la gymnastique masculine en Europe était présente dans certains mouvements nationalistes en Inde et pouvait accompagner la pratique de ce qu’on appelle aujourd’hui le yoga. Il a aussi mis en évidence la similitude entre la gymnastique féminine européenne et états-unienne, travaillant le corps et l’esprit, et ce qui se fait dans les classes de yoga actuellement [10]. Ces recherches brisent complètement l’image d’un yoga éternel, mais aussi la binarité entre l’Orient et l’Occident.

Prachi Patankar souligne d’ailleurs que, dans le contexte colonial, certaines élites colonisées ont participé à la (re)production de ce mythe et critique leur essentialisme à rebours :

L’argument de l’authenticité culturelle […] en ce qui concerne le yoga est dangereux. Prétendre que le yoga appartient à l’hindouisme – ou même à l’Inde ou à l’Asie du Sud d’ailleurs – suppose que les origines et l’évolution du yoga sont monolithiques. Ni le « yoga » contemporain ni l’hindouisme ne sont antiques ni homogènes. En fait, les deux furent codifiés aux dix-neuvième et vingtième siècles, en interaction avec les réalités coloniales britanniques. (2014) [11]

Prachi Patankar et la chercheuse Meera Nanda [12] mettent également en garde contre la tentation d’essentialiser le yoga et d’évacuer ces multiples interactions, surtout dans un contexte politique où la droite hindoue en Inde déploie un agenda nationaliste raciste à l’égard des minorités indiennes. L’appropriation culturelle et l’essentialisme culturel sont les deux faces d’une même médaille : tous deux reprennent des thèmes clés du colonialisme, de l’impérialisme et du racisme, en reposant sur des conceptions réductrices et stéréotypées de « la culture », de « nous » et de « eux ».

Comment décoloniser le yoga, alors? Les auteur.e.s cité.e.s ci-dessus proposent différentes étapes, dont la reconnaissance de notre profonde ignorance de la diversité et de la complexité de l’histoire et des pratiques du yoga (même après avoir lu un manuel de yoga ou suivi une formation). Elles nous invitent à reconnaître et à confronter les différentes appropriations culturelles qui ont cours dans les studios de yoga (décontextualisation d’objets de culte, utilisation purement exotique, esthétique ou commerciale du sanskrit, ignorance ou dévalorisation de la diversité des aspects du yoga), mais aussi à reconnaître et agir sur les différentes formes d’exclusion qui sont reproduites dans les classes de yoga. En effet, au sein de l’industrie du yoga, il est souvent considéré que puisque tout le monde est bienvenu et que la pratique est très individuelle, le yoga serait inclusif. Pourtant, des activistes montrent comment il peut reproduire, en les ignorant, l’ensemble des systèmes d’oppression. Ceux-ci sont profondément imbriqués, même si ici ils seront présentés brièvement, séparément.

Systèmes d’oppression et yoga

 Capitalisme

En Amérique du Nord, le yoga est devenu une industrie qui génère des milliards de revenus, que ce soit en produits dérivés (matelas, vêtements, accessoires, revues, etc.), ou en raison de l’organisation à but lucratif des locations de studio, de la certification des professeur.e.s, des retraites organisées, etc. Le yoga est donc généralement assez inaccessible aux gens aux revenus modestes et a fortiori aux personnes pauvres. Aux États-Unis, 44 % des personnes qui pratiquent le yoga gagnent plus de 75 000 USD par année [13]. Le yoga est alors complètement récupéré à des fins capitalistes : la méditation permet d’être plus productif au travail et un corps en santé et en forme coûte moins cher à la société et contribue davantage. De plus, la publicité typique pour le yoga représente une jeune femme blanche en santé réalisant un asana (une posture) au lever du soleil : l’industrie cible ainsi une clientèle à l’exclusion de toutes les autres. Elle associe au yoga la jeunesse, la blancheur, la beauté, la santé, le contrôle de soi. La manière dont est promu le yoga non seulement exclut les personnes non conformes au modèle de féminité blanche mis de l’avant, mais les représente en négatif comme l’inverse de la figure de la yogi. Ces corps « non conformes » sont associés à la laideur, la mauvaise santé, au laisser-aller ou encore à la dépendance, tout en en étant considérés responsables. Après tout, comme je l’ai entendu dans une classe, est-ce que ce ne sont pas « vos choix qui déterminent vos vies » [14] ? L’industrie du yoga participe ainsi à reproduire l’ensemble des systèmes d’oppression.

Hétérocissexisme

Dans le documentaire Yoga and diversity, une partie est consacrée à l’identité de genre et à l’identité sexuelle [15]. Les personnes trans, les personnes queer, les personnes LGBT, les personnes intersexes, entre autres, témoignent régulièrement ne pas se sentir à leur place dans les studios de yoga. Nick Krieger écrit ainsi :

J’ai expérimenté tant d’expressions, de présomptions, de blagues qui étaient genrées de manière blessante et invisibilisées, que je ne pourrai les mentionner dans un seul billet de blogue. Des blagues sur les hommes enceintes qui rabaissent les hommes trans qui portent des enfants. Des répliques sur les hommes qui agissent ainsi et les femmes comme ça, qui effacent les personnes trans. Des présomptions sur les parties du corps que les hommes ont et celles que les femmes ont, alors qu’on ne sait pas qui a quoi sous ses vêtements. Et les toilettes, pas drôle. Les toilettes séparées pour hommes et femmes obligent les personnes au genre non conforme à figer, s’interroger et revivre des traumas (insultes, recours à la sécurité, et des fois violences) qui tombent sur ceux et celles d’entre nous qui ne sont pas dans la bonne toilette. [16]

Plusieurs personnes témoignent également du fait que les professeur.e.s de yoga touchent souvent les corps sans demander la permission auparavant, ce qui peut être très inconfortables ou faire revivre des traumas. En ignorant les multiples réalités des personnes LGBTQI2+ [17], les studios de yoga produisent ainsi des espaces dans lesquels elles sont inconfortables ou exclues. À l’inverse, des initiatives queer proposent désormais des classes non mixtes, organisées par et pour elles.

Capacitisme [18], âgisme, « sizeism » [19]

La professeure de yoga Kimberly Dark raconte ses nombreuses expériences de « fat shaming » dans les classes de yoga, formatées pour des corps minces, jeunes et sans handicap, où il est souvent considéré que les corps qui ne correspondent pas à la norme ne pourront pas pratiquer le yoga, ou retarderont tout le groupe [20]. Dans la partie consacrée à l’image corporelle du documentaire Yoga and diversity, Tiina Veer précise que le but du yoga pour les personnes considérées « grosses » n’est pas de perdre du poids – alors que c’est ce qui est souvent le marketing du yoga –, mais bien… de faire du yoga [21]. Et Andi MacDonald ajoute que les commentaires sur l’alimentation adressés aux personnes en surpoids par rapport à la norme du yoga confondent poids et santé, et participent au « fat shaming » [22]. Au lieu de transformer la pratique, le studio, les accessoires, ce sont donc aux corps qu’il est demandé de se transformer pour entrer dans la norme, recréant ainsi la honte de son corps et l’exclusion de nombreuses personnes. Plusieurs praticiennes critiquent aussi les hiérarchies qui s’installent dans le studio entre celles qui peuvent et celles qui ne peuvent pas. C’est le cas de la professeure de yoga Dianne Bondy, qui s’identifie comme « grosse et noire », et invite à briser les hiérarchies et la compétition dans le yoga :

Chaque asana a une modification, et les professeur.e.s devraient offrir ces modifications à leurs étudiant.e.s. Les professeur.e.s devraient rendre leurs étudiant.e.s conscient.e.s qu’une personne qui est concentrée sur sa respiration, écoute son corps et trouve une version de la pose qui lui convient, ou prend une pause, « fait » du yoga parfaitement. [23]

Ces praticiennes invitent ainsi les studios de yoga à modifier profondément leur conception et leur manière d’enseigner le yoga. Tout comme il existe un courant de danse intégrée [24] en danse contemporaine, avec des personnes avec et sans handicap, il serait temps de développer du yoga intégré.

Racisme

Le terme « race » est ici mis entre guillemets pour souligner que si la race n’existe pas biologiquement, le racisme comme processus social crée des personnes racisées. L’une des conséquences du racisme dans l’industrie du yoga est le fait que les studios sont fréquentés principalement par des femmes blanches, de manière disproportionnée. Dans la partie « people of colour » du documentaire Yoga and diversity, Gail Parker souligne que cette réflexion sur le racisme et sur les manières de ne pas le reproduire dans le yoga devrait faire partie du yoga lui-même puisque le yoga prétend agir sur corps et conscience [25]. La professeure de yoga Sariane Leigh reprend le questionnement de bell hooks, féministe noire antiraciste, dans Sisters of the Yam : black women and self-recovery : « Est-ce que le bien-être est un luxe blanc? » bell hooks brise le trope des femmes noires prenant soin des autres aux dépens d’elles-mêmes. Sariane Leigh avance alors que le yoga peut être un lieu d’autoguérison contre le racisme et le sexisme :

Cette approche de la guérison examine le processus mental et spirituel interne, où la vie est explorée à un niveau qui exige non votre sacrifice ultime, mais votre santé ultime. Sisters of the Yam met de l’avant un projet fondé sur le bien-être des femmes noires dans le contexte des traumas liés au racisme : poser des limites au travail, tomber en amour avec la beauté noire, et l’expression saine du deuil et de la douleur. De la même manière, le yoga exige des étudiant.e.s de se détacher, de s’accepter et de faire face à leurs émotions avec honnêteté. [26]

Affronter le racisme dans le yoga peut impliquer des cours non mixtes, ce qui est d’ailleurs déjà offert dans plusieurs endroits.

 

Dans sa recherche sur le yoga à Montréal, Sarah Mostafa-Kamel écrit que « le yoga EST un acte politique » [27] et invite à bâtir une véritable communauté de yoga, un espace qui prend en compte les systèmes d’oppression et lutte activement pour les déconstruire. Évidemment, cela va complètement à l’encontre d’un modèle consumériste de yoga, où les clientes viendraient chercher un service leur permettant de rester productives et actives dans le capitalisme [28]. Elle propose de voir le yoga, non pas comme un détachement dans le sens d’un retrait du monde, mais plutôt comme un « outil pour s’engager et mieux comprendre les réalités de notre monde » [29]. Pour que le yoga puisse être une pratique de guérison holiste pour toutes et tous, il est nécessaire que ce qui nous blesse jusque dans nos corps, quels que soient nos corps, soit reconnu et nommé. Mais aussi que des changements structurels soient mis en place : que les professeur.e.s reflètent la diversité des personnes, que des classes non mixtes soient proposées, que les cours brisent la hiérarchisation des corps et des pratiques, que l’espace soit non genré, etc.

Il existe plusieurs initiatives de yoga antioppressif à Montréal (et je ne les connais absolument pas toutes). Par exemple, le collectif GrassRoots Yoga Populaire, qui recherche activement l’inclusivité dans le yoga et propose des cours en précisant : « Ouvert aux personnes queer et trans; «Body Positive »; Les personnes de toutes races, religions, ethnicités, (sous-)cultures et couleurs sont les bienvenues; Bilingue; Langage et toilettes non genrées » [30]. Ou encore Queer Yoga Montréal dont la page Facebook propose régulièrement des cours de « yoga queer pour tous les corps, ce qui veut dire que nous travaillons collectivement pour créer des espaces de yoga qui sont plus accessibles à tous les corps et les genres, rejetant la colonisation de cette tradition sacrée et sa récupération dans le capitalisme » [31]. J’espère que ces initiatives se multiplieront dans le monde du yoga.


[1] Une personne cisgenre s’identifie au genre qui lui a été assigné lorsqu’elle est née, contrairement à une personne transgenre.

[2] Une personne hétéronormée a une apparence extérieure conforme aux normes hétérosexuelles dominantes. Par exemple par ses cheveux, ses vêtements, sa démarche.

[3] L’expression « minorisé » plutôt que « minoritaire » fait davantage référence aux processus sociaux qui créent des groupes comme différents et marginalisés, de sorte que ce sont les personnes minoritaires dans la société (hommes cisgenres, blancs, hétérosexuels, de classes aisées) qui sont en position dominante dans la société.

[4] Sarah Mostafa-Kamel, « Taking Yoga Off our Mat: Approaching Montreal’s Yoga Culture With a Critical Lens. », 2014, p. 107. Récupéré de https://digitool.library.mcgill.ca/R/?func=dbin-jump-full&object_id=130319&local_base=GEN01-MCG02

[5] Je citerai exclusivement des sources disponibles gratuitement sur Internet. Les traductions sont de moi.

[6] équimauves. « Petites notes sur l’appropriation culturelle », 2014. Récupéré de : https://equimauves.wordpress.com/2014/06/14/petites-notes-sur-lappropriation-culturelle/

[7] nisha ahuja, “You are here : Exploring Yoga and the Impacts of Cultural Appropriation. Disponible gratuitement : https://yogaappropriation.wordpress.com/

[8] «Now, when so much of what the Western world sees as true yoga is beautifully achieved physical postures, (accomplished, photographed and displayed by popular yoga magazines, journals and sites) executed by mostly young, white, stylish-yoga-apparel clad women and men, yogais going through a second colonization. This colonization is the misrepresentation of yoga’s intention, its many limbs, and its aims.» Susanna Barkataki, «How to Decolonize Your Yoga Practice», s.d. Récupéré de : https://www.decolonizingyoga.com/decolonize-yoga-practice/

[9] South Asian American Perspectives on Yoga in America, «We Are Not Exotic, We Are Exhausted: South Asian Diasporic Youth Speak», 2014. Disponible gratuitement : https://saapya.wordpress.com/2014/11/19/we-are-not-exotic-we-are-exhausted-south-asian-diasporic-youth-speak/

[10] Ces « traditions spirituelles, souvent développées par et pour des femmes, […] utilisaient posture, respiration, et relaxation pour atteindre des niveaux plus élevés de conscience. Des Américaines comme Cajzoran Ali et Geneviève Stebbins, et des Européennes comme la Dublinoise Mollie Bagot Stack, étaient les héritières au début du 20e siècle de ces traditions de « mouvement harmonieux ». Mark Singleton, « The Roots of Yoga: Ancient + Modern », 2011. Récupéré de https://www.yogajournal.com/article/philosophy/yoga-s-greater-truth. Son livre Yoga Body propose une histoire complexe de l’invention du yoga moderne. Mark Singleton, Yoga Body : The Origins of Modern Posture Practice, 2010, Oxford, Oxford University Press.

[11] « The cultural authtenticity argument […] with regards to yoga is a dangerous one. Claiming that yoga belongs to Hinduism – or even to India or South Asia, fort that matter – assumes the origins and evolution of yoga as monolithic. Neither contemporary “yoga” nor “Hindouism” is age-old or homogenous. Actually, both were assembled in the nineteenth and twentieth centuries, in interaction with British colonial realities. » Prachi Patankar, Ghosts of Yogas Past and Present, 2014. Récupéré de : https://www.jadaliyya.com/pages/index/16632/ghosts-of-yogas-past-and-present

[12] Meera Nanda, « How “Hindu” is yoga after all? », 2010. Récupéré de : https://www.butterfliesandwheels.org/2010/how-%E2%80%9Chindu%E2%80%9D-is-yoga-after-all/

[13] S.a, « Yoga Statistics », 2015 Récupéré de : https://www.statisticbrain.com/yoga-statistics/

[14] Thème exploré par Kimberly Dark, «Why Feminism Belongs in the Yoga Studio», s.d. Récupéré de : https://www.decolonizingyoga.com/feminism-belongs-yoga-studio/

[15] Global Mind Body, « Yoga and diversity: Gender and Sexual Identity », 2014. Disponible gratuitement : https://www.youtube.com/watch?v=F7x8hSY9LJU

[16] « I have experienced more instances of hurtful and invisibilizing gendered language, assumptions, and jokes than I could possibly mention in a single blog post. Jokes about pregnant men that discount trans men who carry babies. Cues where men do this and women do that, erasing trans folks. Assumptions about the body parts that men have and the bodies part that women have when who knows what body parts a person has under their clothes. And the bathrooms, not so fun. Separate men’s and women’s bathrooms subject gender non-conforming folks to stares, questions, and reliving the traumas (slurs, calls to security, and occasionally violence) that befall those of us thought to be in the “wrong bathroom.” », Nick Krieger « Why Trans and Queer Yoga? », s.d. Récupéré de : https://www.decolonizingyoga.com/trans-queer-yoga/

[17] Acronyme pour lesbienne, gai, bi, trans, queer, intersexe, two-spirits, etc.

[18] Le capacitisme fait référence au système de discrimination fondé sur la capacité physique ou mentale. Il discrimine les personnes en situation de handicap, par exemple en créant des situations de handicap (pas de traduction en langue des signes, pas de rampes d’accès, etc.).

[19] Expression anglaise qui fait référence au système de discrimination fondé sur le tour de taille et le poids des personnes.

[20] Kymberly Dark, «Yoga & Body Diversity: 5 Ways to Be Inclusive When Teaching or Practicing», s.d. Récupéré de : https://www.decolonizingyoga.com/yoga-body-diversity-5-ways-inclusive-teaching-practicing/

[21] Global Mind Body, « Yoga and diversity: Size and Body Image », 2014. Disponible gratuitement : https://www.youtube.com/watch?v=iX4hUcR8FUk

[22] Andi MacDonald, « Yoga Studios: Everyone’s Welcome? », s.d. Récupéré de : https://www.decolonizingyoga.com/yoga-studios-everyones-welcome/

[23] «Every asana has a modification, and teachers should offer those modifications to their students. Teachers should make students aware that the person who is concentrating on their breathing, listening to their body, finding the version of the pose that they need, or taking breaks is “doing” yoga perfectly.» Dianne Bondy, «Confessions of a Fat, Black Yoga Teacher», s.d. Récupéré de : https://www.decolonizingyoga.com/confessions-fat-black-yoga-teacher/

[24] À Montréal, la Compagnie Corpuscule Danse propose des ateliers, des cours et des spectacles de danse intégrée : https://www.corpusculedanse.com/

[25] Global Mind Body, « Yoga and diversity: People of Color », 2014. Disponible gratuitement : https://www.youtube.com/watch?v=Wkf_Hzq0t_s

[26] «This approach to healing examines the internal spiritual and mental process where life is explored on a plane that requires your ultimate health, not just your ultimate sacrifice. Sisters of the Yam outlines a blueprint for black women’s wellness against the backdrop of racism-induced trauma: creating boundaries at work, falling in love with black beauty, and the healthy expression of grief and pain. Similarly, yoga asks the student to detach, find self-acceptance, and face their emotions with honesty». Sariane Leigh, « Sisters of the “Yogic” Yam: bell hooks and the Yoga in Self-Recovery », 2012. Récupéré de : https://www.thefeministwire.com/2012/10/sisters-of-the-yogic-yam-bell-hooks-and-the-yoga-in-self-recovery/. Elle s’appuie sur le livre de bell hooks, Sisters of the Yam: Black Women and Self-Recovery, 1993, Boston, South End Press.

[27] «Yoga IS a political act.» Sarah Mostafa-Kamel, op.cit., p. 43.

[28] Laura Graham, «Making Meaning in Modern Yoga: Methodological Dialogues on Commodification and Contradiction», 2012, Mémoire de maîtrise, Université d’Alberta. Récupéré de : https://era.library.ualberta.ca/downloads/h702q7591

[29] Sarah Mostafa-Kamel, op.cit., p. 47.

[30] Grassroots Yoga Populaire, « Anti-oppressive Community Yoga is back! Yoga communautaire anti-oppressif est de retour! », Récupéré de : https://www.calendrier.umontreal.ca/vieetudiante/?com=imprimer&eID=378220

[31] Site Internet : https://www.queeryoga.com/about. Facebook: https://www.facebook.com/Queer-Yoga-Montr%C3%A9al-254347737944410/ : «QUEER YOGA for all bodies: this means we are working to collectively create yoga spaces that are more accessible to all bodies and genders, rejecting the colonization of this sacred tradition and its subsumption into the capitalist regime.»