The do’s, don’ts, maybes, and I-don’t-knows of cultural appropriation
CHELSEA VOWEL
L’appropriation culturelle est un sujet sensible qui suscite des prises de position s’inscrivant dans un large spectre. À un extrême, il y a ceux qui revendiquent âprement le droit de faire ce qui leur plaît; à l’autre bout du spectre, il y a ceux qui, animés d’une colère perpétuelle, considèrent toute forme d’emprunt culturel comme une appropriation illégitime. La première posture est celle qui occupe le plus de place dans ce débat. La seconde, souvent employée comme homme de paille par les tenants de la première, n’est le plus souvent évoquée que pour dépeindre toute personne un tant soit peu critique envers l’appropriation culturelle comme un « détesteur » hystérique. Cet état des lieux n’apparaît cependant peut-être pas nécessairement de manière évidente à un observateur qui s’intéresse nouvellement à la question.
Pour ma part, j’aborde ce sujet précisément parce qu’il fait peur, parce qu’il divise et parce qu’il déchaîne les passions. Je vais tenter d’en éviter les aspects les plus négatifs, autant qu’il me sera possible. Ça ne sera pas toujours le cas. Les « règles » ne sont pas coulées dans le béton et ici, le sens « commun » n’existe pas : nos points de vue sont parfois radicalement opposés et il nous manque une compréhension mutuelle.
Je ne devrais pas avoir besoin de le préciser : je ne prétends pas être une autorité en la matière, mais je sens le besoin de faire cette mise au point. Un peu comme dans ce texte qui traite de la manière de nous désigner, j’offre mes réflexions sur le sujet tout en reconnaissant qu’il existe des arguments légitimes qui pourraient m’être opposés. Bref, nitôtêmitik, la question n’est facile pour personne, ni pour moi, ni pour vous. Si vous cherchez des réponses faciles, vous serez déçus. C’est tout ce que je peux vous promettre.
Dans plusieurs textes qui traitent de l’appropriation culturelle, il est question de colonialisme, de racisme et de marginalisation. J’aimerais offrir ici quelques pistes de réflexion apparentées, mais qui empruntent une perspective légèrement différente de celles qui sont le plus souvent proposées. Bref, vous pouvez considérer cet article comme le complément d’une discussion beaucoup plus large plutôt que comme une synthèse de la discussion en question.
D’abord, quelques ressources
Bien que mon approche repose davantage sur une réflexion personnelle, je lis aussi ce que les autres ont à dire et je vous suggère de faire de même. Si vous souhaitez approfondir le sujet, voici quelques références à consulter maintenant ou plus tard. Ces liens concernent surtout l’appropriation des cultures autochtones, mais la problématique est loin d’être limitée à notre culture.
Le blogue Native Appropriations est une riche source de lectures. L’entrée « But Why Can’t I wear a Hipster Headdress? »traite très exactement du genre de choses que vous pouvez voir sur mon propre Mur de la honte.
Sur Tumblr, adailyriot propose une excellente liste de textes à consulter en ligne. Si vous vous lancez sur cette piste, ne vous attendez pas à ce que tout le monde s’y exprime calmement et poliment. Vous ne comprenez peut-être pas encore comment les comportements qui y sont dénoncés peuvent nous affecter si profondément, mais ce manque de compréhension ne justifie pas de rejeter notre parole parce que nous ne nous exprimons pas de la manière qui vous plaît. En ce qui me concerne, vous me voyez ici à mon plus calme. J’ai pleuré de rage à plus d’une reprise et je suis moins polie quand certaines choses affectent ma vie personnelle directement.
Un gars rentre dans un bar et demande…
Qu’est-ce que la croix de Victoria, l’Ordre du Canada, le prix Giller et une plume d’aigle ont en commun?
En fait, ce n’est pas une blague. Chacune de ces choses est un symbole, une marque de reconnaissance pour un certain type de réalisation. On peut évidemment penser à de nombreux autres symboles de même nature, qui visent à reconnaître une contribution dans le domaine militaire, humanitaire, académique, littéraire ou autre.
Ces symboles sont importants pour ce qu’ils représentent. Sans ce caractère emblématique, la croix de Victoria n’est qu’un bijou de mauvais goût, un diplôme de baccalauréat n’est qu’un bout de papier, le prix Giller n’est que de l’art abstrait et une plume d’aigle n’est qu’un ornement.
Ces symboles sont exclusivement réservés à ceux qui les ont mérités en accomplissant certaines actions. Bien sûr, n’importe qui peut se moquer de ces symboles et se parer de leurs imitations seulement pour le plaisir. Cela susciterait sûrement quelques regards en coin. À quel point faut-il se réclamer de l’ironie pour se balader avec un faux prix Giller?
On peut aussi mentir à propos de ses propres réalisations et faire croire qu’on est le détenteur légitime d’une de ces reconnaissances. Imaginez les réactions si vous vous faisiez passer pour un récipiendaire de la croix de Victoria… ou pour un détenteur d’un diplôme en médecine. Mentir à propos de certaines de ces reconnaissances peut même faire l’objet de sanctions criminelles. C’est du sérieux.
Accès réservé vs accès libre
Il y a donc des symboles auxquels l’accès est restreint dans la culture canadienne : seules certaines personnes peuvent les afficher. Pour chacun de ces symboles, une série de règles détermine ce qu’il faut accomplir pour les mériter, qui peut les fabriquer, qui peut les décerner, et même, dans certains cas, ce qu’il est permis de faire avec ces symboles. Et, comme il a été dit plus haut, à chacun de ces symboles et de son incarnation matérielle, physique, correspond quelque chose d’intangible : la reconnaissance d’une réalisation ou d’un accomplissement particulier. Chaque culture possède de telles marques extérieures qui permettent de rendre visible quelque chose qui ne l’est pas.
Dans la culture canadienne, il y a également des symboles que tous sont libres d’utiliser et qui ne soulignent aucun accomplissement. Par exemple, tous les Canadiens sont libres d’utiliser le drapeau de leur pays, et la signification qu’aura chacune des utilisations particulières du drapeau canadien pourra varier en fonction de ce que telle personne, dans telle circonstance, souhaite exprimer : un lien particulier avec son pays, un appel à l’unité, l’opposition à une politique gouvernementale, voire un choix vestimentaire douteux. Bref, la signification peut varier même si le symbole demeure le même, tout dépendant de l’utilisation que l’on en fait. On sanctionne rarement quelqu’un pour avoir utilisé librement un symbole dont l’accès n’est pas restreint. N’importe qui peut bien draper ses épaules non canadiennes du drapeau canadien; la décision de porter un collier fait de fausses croix de Victoria pourrait susciter des réactions autrement plus vives.
Amenons une autre nuance. Il serait tout à fait possible que quelqu’un choisisse de porter la croix de Victoria afin d’exprimer quelque chose au sujet de ce symbole. Encore faudrait-il pouvoir en connaître la signification. Porter cette décoration parce qu’elle fait jolie et décider de la porter pour aller à une fête, ce n’est rien exprimer du tout. Étant donné que le drapeau canadien, par exemple, n’a pas de signification aussi marquée et univoque, le besoin de saisir exactement ce qu’il peut signifier est moins important pour son utilisation, puisque cette signification peut varier autant à l’extérieur de la culture canadienne qu’à l’intérieur de celle-ci. Un Canadien peut être offusqué de voir un étranger porter le drapeau canadien tout autant qu’il pourrait être choqué de l’utilisation qu’un Canadien pourrait en faire.
Dévaloriser le symbole, c’est dévaloriser l’accomplissement qu’il souligne
Au cas où vous n’auriez pas encore compris, la plume d’aigle est un symbole restreint dans les nombreuses cultures autochtones du Canada et des États-Unis. Elle souligne les réalisations de la personne qui la reçoit et se voir offrir une plume est un grand honneur. Plusieurs autochtones n’en recevront qu’une seule au cours de leur vie, et il est possible de ne jamais avoir cette chance.
À cause de l’importance de ce symbole, peu d’autochtones oseraient faire l’étalage de plumes qu’ils n’ont pas méritées. Cela équivaudrait à porter la croix de Victoria sans se l’être vu décerner. Pour une personne extérieure à la communauté qui est à l’origine de cette marque de reconnaissance, le geste pourrait n’avoir rien de particulièrement choquant, mais à l’intérieur de la communauté, une appropriation injustifiée d’un tel symbole soulèverait du mépris; il s’agit d’un acte honteux.
Il s’agit aussi d’un acte qui dévalue les honneurs gagnés par ceux qui les ont véritablement mérités. Bien sûr, ces derniers continuent d’avoir conscience de leur propre mérite, mais le pouvoir de ces symboles réside justement dans ce qu’ils disent de nous aux autres. Ils ne servent pas d’aide-mémoire pour nos propres réalisations, mais servent à indiquer à tous, de manière visible, que nous avons été honorés pour nos accomplissements. Lorsque tout un chacun peut s’approprier des copies de ces symboles, on oublie le caractère exceptionnel que ceux-ci dénotent; ils ne veulent plus rien dire. On peut même en venir à en oublier que le symbole en question n’eut jamais signifié quelque chose.
C’est exactement la position qui est la nôtre par rapport à tant de symboles qui proviennent des cultures qui nous sont étrangères : nous ne comprenons pas ce qu’ils signifient, et nous ne savons pas s’ils sont réservés à certaines personnes ou pas, ni pourquoi.
Note aux hipsters : dans la plupart des nations autochtones, les femmes ne portent pas de coiffe en plumes. Jamais. Arrêtez ça.
Comment savoir ce qui est restreint et ce qui ne l’est pas?
Demandez!
Ha! OK, je vous en dis un peu plus même si trouver la réponse à cette question s’avère généralement assez facile. Il suffit souvent de demander à quelqu’un ou de faire une petite recherche sur ces bons vieux Internets.
Par exemple, je ne vois rien de mal à porter des mocassins métis ornés de perles. Les mocassins ne sont pas réservés à certaines personnes dans ma culture. Ce sont souvent de magnifiques œuvres d’art, mais ils ne sont pas le symbole d’un accomplissement quelconque, si ce n’est du travail merveilleux accompli par un artisan.
La situation serait différente, cependant, si une personne qui n’est pas un Métis portait une ceinture métisse[1]. Cet objet est devenu un symbole identitaire et celui d’un certain accomplissement. Peut-être cela ne fut-il pas toujours le cas; cet objet a longtemps été utilitaire, servant à transporter diverses choses et même de jeunes enfants, ou encore à fermer un manteau. Il s’agit aujourd’hui d’un symbole puissant, qui est parfois décerné à un Métis de la même manière que le sont les plumes d’aigle.
Arrêtez de rouler des yeux quand vous entendez le mot « sacré » et remplacez-le par le mot « important »
Religieux, spirituel, athée : ce sont des choix personnels que je respecte tous. Cependant, à cause de l’histoire trouble de la religion en Occident et de son impact sur la pensée et la philosophie des descendants des colonisateurs – c’est aussi le cas dans de nombreuses autres parties du monde d’où proviennent plusieurs Canadiens – la traduction de certains termes issus des langues autochtones par le mot « sacré » peut poser problème.
J’ai l’impression que lorsque certaines cultures définissent quelque chose comme étant « sacré » nombreux sont ceux qui choisissent de rejeter ou au contraire de glorifier l’objet ou le rituel en question en fonction de leur propre rapport à la religion. La question en devient alors une de religion alors que ce n’est pas nécessairement une manière juste de penser l’objet ou le rituel en cause. « Sacré » est souvent employé pour traduire des termes beaucoup plus complexes dans leur langue d’origine, termes qui peuvent véhiculer le sens d’« important et significatif d’une façon particulière ».
S’adapter à l’intérêt manifesté envers sa culture
Les Maoris ont des tatouages sacrés appelés tā moko. Ces tatouages constituent des représentations bien codifiées des relations entre les individus, qui sont souvent des relations de parenté. Ils ont également d’autres significations dont je n’ai probablement aucune idée. Ce ne sont pas seulement de beaux motifs : ils ont une signification importante et exclusive.
Mais ils SONT beaux. Et les humains aiment les belles choses et les veulent pour eux-mêmes. Lorsque des étrangers ont commencé à copier ces tatouages, des Maoris ont décidé de faire la promotion des kirituhi, dont le style est semblable à celui des tā moko, mais sans référence au symbolisme original. Ces tatouages ne sont pas réservés aux Maoris et ont été élaborés spécifiquement pour accommoder ceux et celles qui ont de l’intérêt pour le tatouage traditionnel, et ce, sans porter atteinte à ce que les tā moko représentent.
Plus important encore, la décision de créer une version non sacrée de ces tatouages a été prise à l’intérieur même de la culture qui les a vus naître. Il est vraisemblable que tous les Maoris n’aient pas donné leur accord à cette solution, mais aucune communauté ne peut prétendre à une telle unanimité.
L’accès légitime
Je crois que je serais mal à l’aise de porter un sari. D’abord, je n’ai aucune idée de la façon de le mettre et je crois que cela ne m’irait pas très bien.
Mais ils sont magnifiques, n’est-ce pas? Je pourrais admirer à l’infini les tissus merveilleux dont ils sont faits. Pourtant, mon véritable inconfort a peu à voir avec le fait que je ne saurais pas comment les porter, et il n’est pas relié avec un statut particulier; à ma connaissance, il s’agit d’un vêtement que toutes sont libres de porter. Je serais mal à l’aise avant tout parce que je connais très peu de choses de la culture dont ils sont issus. Je n’ai jamais assisté à un mariage indien ou à aucun autre événement où le port d’un sari aurait eu un sens particulier. Je ne crois pas que porter un sari témoignerait d’un manque de respect à l’égard de la culture indienne (à moins que je choisisse de le faire à l’Halloween et de le porter comme un « costume », auquel cas, sentez-vous bien libre de me donner une claque). Néanmoins, mon total manque de proximité avec cette culture rendrait la chose pour le moins étrange.
D’autres personnes ont un rapport à la culture indienne qui fait qu’elles peuvent porter le sari sans se sentir étranges. Je crois que même des personnes qui sont étrangères à une culture peuvent en adopter certains éléments sans que cela constitue de l’appropriation culturelle.
Mais ici, nous sommes en terrain miné, parce que l’appropriation culturelle inconsidérée est la norme dans les cultures des colonisateurs. Il est plus raisonnable de présumer que les personnes ont une compréhension et une connaissance limitées de la culture d’où proviennent les symboles qu’ils s’approprient que de penser le contraire. Cette attitude peut être frustrante pour ceux et celles qui ont appris beaucoup sur une culture étrangère, voire s’y sont intégrés. Mais tant que les choses ne changeront pas, et que l’appropriation irréfléchie (et même malveillante) ne sera pas devenue un comportement marginal, vous devrez vivre avec ce jugement si vous n’êtes pas originaire de la culture que vous admirez tant. Le fait qu’il y ait des personnes qui puissent légitimement emprunter à la culture des autres ne veut pas dire que vous, personnellement, n’êtes pas coupable d’appropriation culturelle.
Si vous admirez une culture, apprenez-en plus
Il n’est pas nécessaire d’investir beaucoup de temps dans vos recherches pour apprendre que certains éléments qui composent la tenue des geishas, par exemple, sont à usage restreint dans la culture japonaise. Le « costume de geisha » habituel vise à miter l’apparence des maiko.
La corruption de la culture geisha n’est pas une histoire heureuse, mais ces dérives ne signifient pas que les symboles rattachés à cette culture ont complètement perdu leur sens au sein de la culture japonaise, même si certains Japonais font le jeu de ces stéréotypes. Pour dire les choses autrement, ce n’est pas parce que plusieurs personnes ignorent la signification et l’importance des codes vestimentaires geisha qu’il est correct de faire de même. Nous voulons tous être de meilleures personnes. Il y a plusieurs autres magnifiques éléments de la culture japonaise dont l’accès n’est pas restreint et que l’on peut intégrer à son style personnel. Il ne faut pas prétendre honorer une tradition ou une culture lorsqu’on en ignore tant de choses.
Combattre la désinformation
Récemment, la plateforme Tumblr a été le témoin d’un effort concerté de la part de plusieurs autochtones en vue de se réapproprier certaines catégories (ou tags), perçues comme représentant mal leurs cultures.
Le 7 janvier 2012, la communauté autochtone et des Premières Nations de Tumblr s’est unie pour reprendre le contrôle des catégories #Native American, #NDN et de la ridicule #Indian Hat.
Auparavant, et vraisemblablement depuis les débuts de Tumblr, la catégorie #Native American proposait une liste de pages qu’une personne autochtone pouvait consulter sans se sentir insultée. Tumblr compte maintenant presque 40 millions de blogues et plus de 15 milliards d’entrées. Chacun peut y mettre ce qu’il veut, bien que la plupart des entrées soient des images. Et les blogueurs peuvent accoler à leurs entrées des catégories qui permettent aux autres utilisateurs de naviguer selon leurs intérêts.
Pour plusieurs autochtones, il était devenu frustrant de cliquer sur des catégories comme #Native American et de tomber sur du contenu principalement non autochtone. Ces catégories étaient envahies par des images de hipsters plus ou moins habillés et plus ou moins sobres portant des coiffes traditionnelles, des représentations biaisées des peuples autochtones, des capteurs de rêves, cette maudite Histoire des deux loups, et bien d’autres images racistes et stéréotypées associées aux autochtones et aux peuples des Premières Nations. Ces catégories, qui auraient dû nous appartenir et nous aider à communiquer entre nous, étaient utilisées par d’autres, de manière insensible, et pour véhiculer des images et des idées qui nous déplaisent profondément.
L’arrivée de médias sociaux comme Tumblr, Facebook, Twitter et des blogues a constitué une occasion incroyable pour les autochtones de s’attaquer à des stéréotypes et des idées fausses datant parfois de centaines d’années. Mais devant l’ampleur de la tâche, nous avons parfois l’impression de perdre la bataille. Les actions de réappropriation comme celles qui sont décrites plus haut ne sont pas qu’une manière de combattre l’appropriation culturelle. Elles correspondent à un réel désir de diffuser des informations pertinentes et justes, tant pour les autochtones que pour les non-autochtones.
Plusieurs autochtones ont été coupés de leur propre culture à cause des pensionnats, des adoptions forcées des années 1960 et du placement des enfants sous la protection de l’État dans des familles non autochtones. Lorsque ces personnes veulent en apprendre plus sur leur propre culture, elles doivent faire le tri parmi tant de faussetés qu’il peut leur sembler impossible de renouer avec leurs origines. Les personnes non autochtones qui ont un intérêt réel pour ces cultures font face au même problème.
Par exemple, si une œuvre est présentée, de manière erronée, à la fois comme étant d’origine dénée, ojibwée ET crie, l’observateur n’a pas la chance de prendre connaissance des différences entre ces styles, ce qui contribue à une vision pan-indienne de nos cultures. Ces fausses représentations sont un obstacle majeur à une meilleure compréhension de qui nous sommes par les Canadiens. C’est aussi une entrave à notre compréhension de nous-mêmes.
Célébrer au lieu de s’approprier
C’est bien d’aimer notre culture et ses objets. Vous pouvez même en posséder une bonne partie, légitimement et sans aucune culpabilité! Jetez un œil à cette liste d’artisans. Remarquez qu’aucun de ces commerçants ne vous vendra des plumes d’aigle ou des coiffures de guerre.
Bien sûr, il existe beaucoup d’imitations, et en dépit de votre opinion sur le piratage, un fait demeure : acheter des copies bon marché fait du mal à nos communautés et perpétue souvent des stéréotypes et de la confusion culturelle.
Beaucoup de travail et des matériaux de grande qualité sont mis à contribution dans l’artisanat autochtone. Les sculptures, les paniers tressés, les vêtements… Les techniques et l’expérience qui contribuent à la fabrication des ces objets peuvent être imitées, mais jamais égalées. Si vous ne pouvez pas vous offrir des mocassins ornés de perles et doublés de fourrure à 200 $, peut-être devriez-vous envisager de vous en passer jusqu’à ce que vous le puissiez. Si vous ne pouvez pas vous offrir une œuvre d’art, achetez une reproduction. Vous pouvez soutenir les communautés autochtones de manière très concrète en encourageant leurs artisans.
Des copies et des faux sont produits ici au Canada et à l’étranger. Oui, c’est insultant. Si vous aimez suffisamment notre culture pour vouloir vous l’approprier, s’il vous plaît, procurez-vous des objets authentiques. Apprenez de quelle nation ils proviennent (Crie? Dene? Inuvialuit?) et qui sont les artisans qui les ont fabriqués. Si vous achetez une œuvre d’art, cherchez à apprendre ce que l’œuvre signifie. Représente-t-elle une histoire traditionnelle ou contemporaine? Vraiment, si vous achetez ces choses, ne voulez-vous pas en apprendre un peu à leur sujet?
*soupir*
Je sais que c’est vous demander beaucoup lorsque vous regardez un t-shirt « capteur de rêve » de chez H&M. J’espère tout de même que ces réflexions vont aider quelques personnes à éviter d’acheter ces affreux et stupides bandeaux. Voici aussi un excellent article qui parle d’autres questions reliées à la mode, entre autres au cas où vous vous poseriez des questions sur les boucles d’oreilles à plumes. Peu importe. Il y aurait tant d’autres choses à dire, mais je vais m’arrêter ici, ça commence à être un peu long.
ekosi.
*Traduction: Françoise Stéréo. Vous pouvez consulter l’article original et d’autres excellents textes de la même auteure sur apihtawikosisan.com
[1] La ceinture métisse est apparentée à la ceinture fléchée. Elle se décline en plusieurs couleurs et motifs propres aux traditions des Métis. Note de la traductrice.