Le temps d’un silence
LAURENCE SIMARD
J’ai pas été sur Facebook en fin de semaine ben ben.
Ce matin mon mur était parsemé de #moiaussi #metoo.
Puis vers la fin de l’avant-midi les réactions ont commencé à poindre. Des dudes autant que des non-dudes, qui s’expriment sur la quantité de #moiaussi sur leurs murs : sur les émotions que ça suscite chez elles et eux, voire sur des questionnements théoriques, sur la validité et l’impact du phénomène. Des posts de 3, 4, 5, 10 paragraphes amenant des réflexions, pour la plupart intelligentes, sensibles, pertinentes (merci mon privilège d’avoir des ami-es qui ont de l’allure).
Et tellement rapides.
Mon #moiaussi appelle au silence. Une coup’ de likes, des #onvouscroit, pis pu rien.
Pendant que les #moiaussi s’élèvent encore, timidement, douloureusement ou plus sereinement, j’aimerais en appeler au silence de l’accueil et de l’écoute. À une suspension collective. Qu’on se taise, le temps d’être sensibles aux échos et d’honorer les histoires qui résonnent entre les mots.
Demain il va être encore temps d’élaborer nos commentaires éditoriaux, de présenter l’angle précis d’analyse qui nous semble mettre en lumière des facettes encore obscures de la violence patriarcale. Demain surtout – histoire de ne pas aussi vite retomber dans l’oubli du prochain trend Facebook.
Pour là j’aime m’imaginer mon mur en pause, investi d’un grand silence. Ça aurait l’air d’une grande étendue de #moiaussi et de #onvouscroit.