Punk’s not dead

Edito gris

Dédicace spéciale à nos filles et filleules : Clémence, Laure, Océanne, Sarah-Maude, Madeleine, Agathe, Jade, Fabienne, Flavie et Lou Salomé.

Les raisons ne manquent pas pour être en calvaire ces temps-ci. Partout, la violence (physique, symbolique, économique) envers les femmes est systémique. Or, la colère et l’indignation ont été et restent des moteurs essentiels aux mouvements de lutte. À force d’en être témoin tous les jours, on pourrait penser qu’on s’habitue aux avancées des antiféministes, des masculinistes et des machos de ce monde, de même qu’à celles des faux alliés qui partagent leur mansplaining à coups de conseils paternalistes. Mais non. À chaque nouvel exemple, les bras nous tombent… et la colère monte et monte et monte.

Ceci pourrait être un éditorial qui problématise et analyse la colère, cela, nous sommes capables de le faire. Mais quand nous pensons à nos filles, à nos filleules et à toutes les petites Françoise du monde, ça déborde et ça nous brise parfois trop pour en parler froidement. Nous joignons donc notre voix à celles de nos collaboratrices qui, à travers leurs multiples points de vue présentent un discours riche de concepts, de nuances, d’expériences. De Micheline Dumont à Zishad Lak, en passant par Aurélie Lanctôt, Marie-Anne Casselot, Catherine Mavrikakis, Martine Delvaux et bien d’autres, nous vous proposons des réflexions qui font état de la colère féministe ou de ses causes.

Mais la colère n’est pas un objet qu’on peut regarder de loin, de manière neutre. Il est maintenant temps de lui lâcher la bride et de la laisser exploser, sans filtre, juste avec sa force vive, sa matière brute, en jouissant de son pouvoir libérateur. Parce que ce que nous trouvons beau, à Françoise Stéréo, c’est qu’à travers cette colère, on perçoit l’expression d’un soulèvement qui s’actualise. Et ça, les filles, nous en aurons besoin aujourd’hui, maintenant et pour longtemps; jusqu’au printemps et plus loin encore.

Pour finir (ou commencer!), voici une courte liste de personnes qui nous mettent en crisse. Nous vous proposons d’ajouter vos cris rageurs aux nôtres :

–       Tu nous énarves, Tania Longpré, avec ton féminisme à 5 cennes qui suggère que la libération de la femme passe par la possession d’une voiture;

–       Allez donc chez l’diable, les militants antichoix qui encombrez nos rues, nos universités et nos vies en général;

–       Va chier, Couillard, avec tes politiques d’austérité qui font violence aux plus pauvres. On a hâte que tu lises notre prochain numéro sur l’économie;

–       On t’emmerde, Gab Roy, de banaliser la violence avec autant de dévouement et d’avoir l’ostie de culot de nous infliger ta grosse face insignifiante dans une vidéo où tu « avoues tes torts » en fumant un cigare;

–       Décôlissez donc de nos Internets, membres de l’odieux mouvement Women Against Feminism[i];

–       Mangez d’la marde, Martineau et Duhaime, pour l’ensemble de votre œuvre démagogique;

–       Et on te méprise profondément, gouvernement canadien conservateur, de ne pas lever le petit doigt pour protéger les femmes autochtones, qui continuent de disparaître et de se faire tuer dans une indifférence quasi totale.[ii]

Punk’s not dead.

 


 

 

[i] Comptez pas sur nous pour leur faire de la pub.

[ii] Cette liste est non exhaustive.

 


 

 

Collectif éditorial
Marie-André Bergeron
Valérie Gonthier-Gignac
Catherine Lefrançois
Marie-Michèle Rheault
Djanice Saint-Hilaire
Julie Veillet

Graphisme: Djanice St-Hilaire
Soutien technique: Yanick Landry
Illustrations: Catherine Lefrançois, avec la collaboration de Agathe (4 ans), Danaé (7 ans et demi), Fabienne (2 ans), Jade (3 ans), Laure (3 ans), Laurie (3 1/2 ans) et Maverick (6 ans et demi).
Révision: Julie Veillet