Pascale Bérubé

 

OOTD

 

je porte le métal
au sol
le sang de mes robes
mangé par le vent

je porte la fin
des batailles

la chanson que font
mes genoux

jusqu’à la ligne d’arrivée

 

 

 

 

 

je porte mon corps
politique amoureux

il explose
aux cous malades
des poèmes

 

 

 

 

 

je porte certaines choses belles
la lumière vantarde de janvier
le rose innocent de mes ongles

je te porte
sur mon dos
derrière les cris de mes oreilles

c’est comme ça que je suis une femme
en te portant au même endroit
où je porte

le courage

 

 

 

 

 

je porte mon sourire blanc
comme la voix des télés

tenu debout
en vitrine

excisé
de toutes les lumières

du jour

 

 

 

 

 

je porte le besoin d’attention
de kim kardashian

et une carabine
que je garde là
où la pousse de mes cheveux
fait trembler

vos énigmes

 

 

 

 

 

je porte l’ongle dur de la lune
dans mon dos

les bijoux
laissés crevés au bord des maisons
par la chienne blanche

 

 

 

 

 

je porte hollywood

on y tranche la gorge des palmiers

garde les mères au frigo

pour le réveil
des filles malades tombées en bas des fenêtres
du château marmont

 

 

 

 

je porte johnny cash le couteau sur la gorge des anges
je porte mes genoux aimés à travers les canettes
je porte la coupure de son nez
dans l’acidité de mes cheveux

 

 

 

 

 

je porte des rayures
et la migration des oiseaux
vers les dents de la tempête

 

 

 

 

 

je porte le visage
des amis étrangers
indifférents à mon sacre

 

 

 

 

je porte mon corps marginal
de fille

le désir de toujours
me coucher maquillée
avoir l’air d’avoir une vie trépidante et fantasque

jet-set des pauvres
dents arrachées
à l’espoir dur

 

 

 

 

 

je porte la dévotion terrible
et inconditionnelle de l’amour

on dira, kétaine much?

je dirais, l’acte de survie à deux n’a jamais été kétaine

et tout est légendaire

 

 

 

 

 

je porte l’asphyxie dentelée de la tempête
le battement de mes cils
contre le mur froid de l’hiver

 

 

 

 

 

je porte mon corps sans rancune

comme une cannibale

 


Pascale Bérubé est une fille de l’Internet. Elle est d’ailleurs connue pour aimer l’Internet de même que son chum qui est aussi sur l’Internet. Elle s’identifie comme femme et comme princesse de l’Internet, ainsi que comme poète-artiste de performance de l’Internet. Ce n’est pas grave si le mot INTERNET est souvent répété ici, parce que c’est important.
Le médium de l’Internet et plus spécialement de Facebook est au cœur de la démarche créative de Pascale qui peut s’apparenter à l’idée de selfie poétique.
Elle a déjà collaboré avec les Filles Missiles et le collectif des Panthères Rouges et été publiée sur le site de Poème Sale.
Sur scène, elle a été des spectacles du Collectif Exond&, des Femmes À Plume et des Filles Missiles au Off-Festival de Poésie de Trois-Rivières.
Sa série de poèmes OOTD – outfit of the day – est une référence au milieu des blogueuses mode.