Merci colère!

Merci colere

CANDIZE

 

Se faire laisser enceinte fait probablement partie du top 5, voire du top 3, des « mardes » qu’une femme ne veut pas vivre dans sa vie. On entend que ça arrive à quelqu’un et on se dit spontanément « Ah! Le salaud! ».

Quand cette fin du monde m’est arrivée, ce fut la levée de boucliers dans mon entourage. Une fois la surprise passée, il y a eu la compassion pour moi, et ô combien de colère contre lui! Comme dans la chanson de Lisa LeBlanc, moi je braillais « Ma vie c’est de la maaaaaaarde », mais j’aurais pu aussi chanter un couplet de la même chanson disant « Fais attention à toi mon p’tit gars, parce que mes chums de filles… veulent te casser les jambes ».

Pendant ce temps, moi, je braillais, bien sûr, mais je défendais aussi celui que, malgré tout, j’aimais toujours… « Au moins, il a le mérite d’être honnête et de ne pas rester avec moi juste parce que je suis enceinte », répétais-je à mes parents et amis consternés par ma réaction.

J’avais de la peine, c’est sûr, mais j’avais aussi très honte de me retrouver dans une telle situation et de devoir la faire vivre à mon futur enfant (qui était déjà presque à moitié de sa vie in utero). À ce moment, je chantais plutôt cette phrase de Vincent Vallières : « Je ne sais plus voir la beauté, avec toute la peine que j’ai ».

Elle se pointe…

Plus de 2 ans plus tard, voilà qu’elle se pointe le bout du nez cette colère. En fait, avec les chicanes de garde d’enfant et la nouvelle qu’il s’était finalement matché avec LA fille que j’avais toujours soupçonnée d’être ma rivale, la colère n’avait pas seulement montré le bout son nez, mais sa face au complet, puis ses bras de haine et de rancune se sont pointés. Faire soudainement des cauchemars où l’on se retrouve à frapper, voire à étrangler un autre être humain est plutôt troublant : on s’interroge sur la provenance de cette violence qui nous submerge. On se dit « ça va sûrement me calmer un peu de faire une p’tite prise de conscience ». Mais les constats de « j’ai donc ben été naïve » ou « pourquoi je me suis laissé faire dire ceci? », « pourquoi je me suis laissé faire faire ça? », ne faisaient qu’intensifier ma colère au lieu de l’apaiser. Je LUI en voulais, évidemment, mais c’est contre moi que j’étais le plus fâchée.

… et reviendra?

Cette grosse et longue douche froide m’a réveillée à la dure, mais m’a nettoyée, revigorée et, le plus cliché, mais plus vrai de tout, m’a renforcée. Je ne suis pas devenue une frustrée des gars, mais je travaille à devenir ce qu’il était temps que je devienne : une grande fille qui se respecte et qui se fait respecter.

On dira ce qu’on voudra, mais on dirait que de haïr un peu quelqu’un d’autre m’a aidée à m’aimer un peu plus moi-même. S’aimer, aimer et se faire aimer à nouveau, c’est bien. Mais se libérer de son boulet, c’est encore mieux.

Merci colère, il était temps que tu arrives. Tu repasseras !