Les Cercles de Fermières du Québec: une communauté active depuis 100 ans

Tissage

JULIE VEILLET

 

Cela fait déjà 100 ans que les Cercles de fermières, la première association féminine au Québec, sont actifs dans la province. Fondés en 1915 par deux agronomes, Alphonse Désilets et Georges Bouchard (oui, oui, des hommes!), ils ont pour mission l’amélioration des conditions de vie de la femme et de la famille ainsi que la transmission du patrimoine culturel et artisanal. Célèbres pour leurs fameux livres de recettes Qu’est-ce qu’on mange? et pour leur artisanat, les fermières sont également très impliquées socialement, réalisant des levées de fonds pour plusieurs œuvres caritatives, défendant les droits des femmes et des familles sur la place publique et faisant du bénévolat pour venir en aide aux plus démunis.

Mais qu’en est-il des Cercles de fermières en 2016? Sont-ils toujours aussi actifs et, surtout, arrivent-ils à recruter de nouveaux membres? Il semblerait que oui. Après une chute du nombre de membres dans les années 90, les Cercles ont connu un regain de popularité dans les dernières années, notamment en raison de l’engouement des plus jeunes générations pour les arts textiles. C’est d’ailleurs cette raison qui a poussé Anne-Catherine, une jeune fermière dans la fin vingtaine, à devenir membre du Cercle des fermières de Saint-Jérôme :

« En fait, j’avais seulement entendu parler du Cercle des fermières, j’avais aussi vu le reportage sur le Cercle. Je suis devenue membre un peu par hasard. Je voulais suivre des cours de crochet. Je suis passée dans une exposition d’artisans organisée par les fermières et je leur ai demandé si elles offraient des cours. Elles m’ont dit oui, à condition d’être membre : chose faite ! »

Et malgré ce que plusieurs pourraient penser, Anne-Catherine n’est pas un oiseau si rare : « Étonnamment, il y a plusieurs jeunes membres dans le Cercle des fermières de Saint-Jérôme (vingtaine et trentaine), et beaucoup de nouvelles membres en général. »

Les Cercles de fermières parviennent donc encore, après 100 ans d’activités, à intéresser de nouvelles femmes à leur mission, malgré la réputation d’association un peu « vieillotte » qui leur colle à la peau. Pas mal quand même. Mais est-ce que l’implication des jeunes membres est la même que celle des fermières engagées depuis longtemps dans les Cercles? « Je dois avouer que je ne participe pas aux réunions mensuelles parce que les sujets ne me parlent pas (la chanson du mois, les réflexions sur la question du WiFi dans le local…). »

Mais n’allez pas penser que les fermières ne sont pas pour autant capables d’être actuelles et bien de leur temps. Anne-Catherine donne l’exemple de sa prof de tricot et de crochet : « Elle était super dynamique et vraiment pour l’évolution du Cercle. Elle serait même en faveur de la présence d’hommes dans le Cercle, ce qui n’est actuellement pas permis. » [Note de l’auteure : Oui, bon, ça, on ne leur souhaite peut-être pas tant.]

C’est donc dire que, malgré un grand respect des traditions et un accent particulier mis sur la transmission des savoirs ancestraux, les Cercles de fermières ne sont pas figés dans le temps et tendent à se transformer : « J’ai l’impression que le Cercle a évolué, qu’il a sûrement perdu un peu de sa popularité dans les dernières années, mais que celle-ci a tendance à revenir, à remonter, puisque les loisirs artisanaux regagnent aussi en popularité. »

Bien que les raisons qui poussent les femmes des nouvelles générations à s’intéresser aux Cercles de fermières de nos jours ne soient fort probablement pas les mêmes que pour les fermières plus âgées, il n’en demeure pas moins que la passion est toujours là et que la volonté de garder l’association en mouvement gagne les plus jeunes : « Finalement, j’ai un peu le beau rôle dans le Cercle, je prends plein de cours, mais j’avoue ne pas rendre autant. Un jour, je participerai davantage à la vie communautaire du Cercle. »

Pour plonger littéralement au cœur de l’univers des Cercles de fermières, je vous invite à visiter leur page ici. Vous pourrez y visionner le splendide documentaire d’Annie Saint-Pierre, Fermières, en plus d’y découvrir une foule de photos d’archives, de témoignages et de recettes (!).

Pour trouver votre cercle et devenir membre : https://cfq.qc.ca/cercles-federations/devenir-membre/