Hélène Matte

Notre père

Il n’en finit pas de se coucher le soleil
Coincé dans le ciel suintant de canicule
Ses rayons déchirent les rétines
Il fait de l’ombre au repos

Il n’en finit plus d’achever d’achever
D’étendre sur sa descendance
Sa poisse baladeuse

L’astre solaire n’a de cesse
Se roulant dans l’inachèvement
Toujours à radoter sa fortune
Content de pisser sa joie

Jaune croûté au fond du disque
L’assiette ne va même pas au lave-vaisselle
 
Le disque d’or saute et fait bombance
Le feu se nourrit de lui-même
Il consume sa jouissance chaude
Éjacule coup sur coup la brûlure
 
Il n’en finit pas de se coucher le soleil
Il beurre la voûte d’un rose outrancier
L’infini à l’air d’une pute fardée de la tête au cul
Trop amochée pour ne pas s’en foutre
 
Elle crache des chapelets de sacres
Qui enregistrés et écoutés à l’envers te disent

Quand s’éteindra l’œil de la lumière?
Je n’y vois rien la lumière dans l’œil
Quand se videra l’avidité de l’idole?
Dieu mort encore me dépossède


Hélène Matte vit et travaille à Québec. Elle est une poète issue des arts visuels qui dit, une plasticienne qui écrit.  En tant que travailleure culturelle, elle est directrice artistique, commissaire, coordonnatrice ou administratrice et encore médiatrice, critique ou conférencière. Elle combine ces différents éléments selon les occasions et les contextes, multipliant les projets rassembleurs et originaux. Doctorante en Littérature, art de la scène et de l’écran à l’Université Laval, elle interroge les notions de voix, de rencontre et de poésies expérimentales à travers une recherche et une série de créations. Sa pratique artistique lui a valu plusieurs prix et bourses. Elle investit l’art-action, le dessin et la poésie orale et a donné lieu à des expositions et des performances en Europe, au Canada et ailleurs en Amériques.