Geneviève Michaud

Le reste est mangé

J’étais ton golden retriever

je nous voyais partout
de toutes les dentelles de la dent
trempées
les sueurs de
je nous pensais nécessaires
j’ai eu la gueule en sourire
la langue pendante
je suis restée

Leurre

Deux femmes les rides scellées pompent leur tope jusqu’à saigner de gras leur filtre moite et muet. Leurs doigts forts pincent leurs cuisses fendillées de froid elles traversent le lac leurs cheveux collés aux lèvres. Pince plus fort.

Sacre

la tête tricotée d’un piège de muscles et de foin d’odeur
si je fends à coup de peigne le nœud du cœur
le gorgé jaillira en coulisses

lèche le territoire

Le boucanier

Les clous mal frappés arrachent leurs tissus, plissent leurs yeux. Ce qui pend : retailles de solitude et de décrissitude. Les botchs les insectes en cendre tapissent le sol. Les femmes ficelées de fumé attendent le corps en fuites. Elles s’enlaidissent dans la belle intimité.

Trappe

Ouvre la gueule
comme un piège
qu’on crinque
sans cran

L’espoir donne une haleine de chien

brosse la peau
un film gras cerne le bain
les rires le flamboyant
les promesses de confettis
apparaissent et s’éteignent
les battements

Les ratons

En forêt, la nuit les cagoules, elles brisent les branches à coups de botte. Leur bière est flatte avant l’arrivée aux pièges. Elles la calent. Leurs bras s’enfoncent dans les trous vers la condensation. Elles se laissent mordre par ce qui veut vivre. Les plaies n’attendent pas de guérir, s’inscrivent des lignes de vie longues coulisses. Elles gardent la biche à la conjonctivite, le lièvre à l’oreille malformée, le renard raté. Le reste est mangé.

À table

L’une travaille sur un chien jaune encore tiède, l’autre lui scie la patte à demi rongée prise dans l’étau. La vie s’arrête à l’os.

 


Je m’appelle G. Michaud, je suis née en 86 et j’ai grandi au bout d’un rang au Lac-Saint-Jean. J’habite à Montréal depuis une dizaine d’années. En ce moment, je m’intéresse au portrait en poésie.